La petite Teshima

Nous sommes parti-e-s de Naoshima le jour où passait dans le coin le 18ème typhon de l’année. L’ambiance sur Teshima, île de 14km2 et plus vallonée que Naoshima, était particulière : lieux culturels fermés à midi, bateaux ne desservant plus l’île à partir de 10h, habitant-e-s confiné-e-s dans leur maison, etc. Nous avons donc été tranquilles pour visiter le village de Ieura, sans aucun autre touriste (chose exceptionnelle au Japon) - d’autant plus que le passage du typhon n’a généré qu’un peu de pluie et de vent. Nous avons passé la nuit chez un couple de personnes âgées, dans une belle maison traditionnelle japonaise, avec tatamis au sol et futon en guise de lit, où ça sent bon le bois et la paille des tatamis. Le lendemain nous avons visité le village de Karato, le magnifique Teshima museum et quelques oeuvres de la Setouchi Triennale avant le démarrage de celle-ci (il s’agit d’un festival d’art contemporain ayant lieu tous les 3 ans dans les îles de la mer intérieure Seto, se déroulant au printemps, à l’été puis à l’automne).

Cette île est plus sauvage que Naoshima (nous sommes mêmes tombé-e-s nez à nez avec un sanglier et ses petits), la densité des habitations est moins importante, il y a d’épaisses forêts et de belles petites montagnes, ses habitant-e-s cultivent de jolis potagers et il y a des arbres à kakis partout ! Le Teshima museum valait également le détour : une voute de béton blanc sous laquelle on observe le cheminement de gouttelettes d’eau sur le sol apparaissant comme par magie, se mélangeant, formant de plus grosses gouttes et continuant leur course - on vous voit déjà vous moquer de nous, petit-e-s bobo parisien-ne-s prêt-e-s à payer 1500 yens pour observer des goutes sur le sol, mais le spectacle était fascinant ! Par ailleurs, le musée est voisin de rizières en terrasse et, du fait de sa position en haut d’une colline, il donne une superbe vue sur la mer intérieure et les autres îles alentours. Et si ça peut vous rassurer, sachez que l’on a revendu au « marché noir » nos places à moitié prix puisqu’on pouvait entrer plusieurs fois dans le musée.


Un aperçu du fameux musée:

La grande Shodoshima

Nous avons ensuite passé 4-5 jours sur l’île de Shodoshima, la plus grosse de la mer Seto. C’est une île très surprenante : elle a des villes assez moches, des reproductions de maisons et bâtiments grecs totalement hors sujet mais elle regorge aussi de petits bijoux : des rizières en terrasse, des villages avec des maisons traditionnelles japonaises, deux kabukis, des gorges, 800 temples et également des arbres fruitiers et potagers partout. Mais surtout, ses habitant-e-s sont incroyablement gentil-le-s et généreux-ses ! La-bas, nous logions dans une guesthouse, une grande cabane en bois surplombant la baie, chez un ami d’Iwao-san, Yasuda-san,. Ce dernier étant retraité mais donnant des cours de maths du soir (il semble que la vie ne vaille pas le coup d’être vécu sans travail au Japon !), il y avait des lycéen-ne-s chez lui de 17h à minuit tous les soirs, week-end compris (on comprend mieux pourquoi les japonais-e-s sont nombreux-ses à dormir dans le métro !). Pendant ces quelques jours, nous avons visité certaines parties de l’île, une brasserie artisanale de saké et avons tenté de voir un maximum des fabuleuses oeuvres de la triennale (sculpture, architecture, etc.) - on dompte notre envie de vous les décrire de peur de perdre nos lecteurs-trices ! Le 3ème jour, nous sommes allés au village de Nakayama, là où il y a les fameuses rizières en terrasse et bien sûr, c’était splendide. En faisant du stop sur le chemin du retour, ce jour là, une femme adorable nous a pris en stop et nous a proposé qu’on l’accompagne voir l’unique représentation de l’année du kabuki rural qui commençait à ce moment là (théâtre traditionnel japonais où les acteurs sont les villageois) et de nous ramener dans notre guesthouse après. On a donc assisté à ce spectacle : on n’en pouvait plus de bonheur ! Comme si ça ne suffisait pas, il s’est avéré que nous étions assis-e à côté d’ami-e-s d’Iwao-san et de Yasuda-san qui nous ont offert un succulent warigo bento chacun (bento traditionnel que l’on mange en étant au kabuki). Et ce n’est pas encore fini : un des amis en question nous a proposé de nous faire visiter l’île le lendemain. Le 4ème jour, nous avons donc sillonné l’île avec Hagimoto-san et un de ses amis (qui parlait un peu anglais) qui nous ont amené voir des oeuvres de la triennale, de beaux temples haut perchés ou taillés dans une cave, un couple de sénégalo-japonais élevant des cochons entre les figuiers ou encore manger des somen (noodles fabriquées sur l’île). Nous avons même eu droit à un sac plein de légumes du potager d’un de ses amis - c’était une journée plus que parfaite !

C’est donc la tête remplie d’incroyables souvenirs que nous sommes parti-e-s de Teshima et de Shodoshima qu’on ne peut que vivement vous recommander si vous voyagez un jour au Japon !