- On va en Amérique Latine ?
- Oui, mais où ?
- Ma copine Lucie habite à Santiago, on pourrait aller au Chili.
- Ok !

Voila comment on s’est retrouvé dans ce pays dont on ne connaissait absolument rien, si ce n’est sa période sombre la plus récente, la dictature de Pinochet. Arrivé-e-s sur place, on a profité des bons conseils de Lucie pour visiter la ville et tester la cuisine chilienne, on a fait un petit tour à la mer avec Lucie et Lorenzo, et surtout on a essayé de répondre à la question : que va-t-on faire dans ce pays ? Après nos bonnes expériences japonaises de workaway, on s’est dit que commencer par un volontariat serait une riche idée - cela nous donnerait une destination, nous aiderait avec l’espagnol et nous en apprendrait sur la culture chilienne. Après avoir acheté notre matériel de camping, direction Cochrane, quelques 2200 kilomètres plus bas, pour le début de notre belle aventure en Patagonie chilienne. Ce fut deux semaines de découverte de la permaculture, la bio-construction, les herbes et leurs différents usages, la culture et le mode de vie patagons, mais aussi de belles rencontres avec cette généreuse famille et les autres volontaires chiliens, français et québécois. Puis un mois et demi de vadrouille sur la mythique carretera australe longue de 1200km. A chaque étape, de belles rencontres, d’incroyables paysages, de nouveaux oiseaux, des rando, des partages de recettes… Et toujours cette sensation de liberté qui ne nous a jamais quitté ! Voici donc quelques miettes de ces deux mois passés au bout du monde.

Nous avons rencontré beaucoup de personnes venues de Santiago (1/3 des chiliens y vit) ou du nord du Chili pour s’installer en Patagonie afin notamment d’être plus proches de la nature. On a senti chez Karla et Mattias, nos hôtes de l’ « eco-centro familiar » de la Laguna Esmeralda à Cochrane, un sincère attachement à leur terroir et leur culture, ainsi qu’une grande envie de partager dans le but de transmettre leur mode de vie. Mauro, dit « el pajarero », a construit son éco-camping « Tsonek » dans une forêt aux abords de Villa O’Higgins et nous offre une vie simple rythmée par le chant des oiseaux. Ou encore Lily, l’allemande mariée à un gaucho chilien, qui invite les voyageurs-euses dans son camping-refugio « Los Ñadis », aux pieds des glaciers et du rio Baker. De même que Cristian, ce chilien de notre âge ayant vécu à Berlin, qui a lui-aussi construit un très bel éco-camping « Alma Verde » sur les hauteurs de Puerto Guadal. Mais aussi Mattias, cet étudiant en tourisme durable qui fait un stage dans le parc national Queulat et nous invite à contempler les étoiles qui se reflètent dans la lagune. On retrouve chez tous ces gens une cohérence dans leurs pratiques : limitation et réutilisation des déchets sous forme d’ecoladrillo (on vous a mis une courte vidéo sur le sujet dans l’onglet vidéos du site); utilisation de ressources locales (solaire pour l’énergie, plantes ou légumes du jardin pour la cuisine, terre et troncs pour la construction); importance donnée à la culture locale (tradition du maté, respect des gauchos (une autre vidéo est à votre dispo), cuisine du cordero (agneau)…); luttes communes (Patagonia sin represa - contre la construction d’un barrage hydro-électrique sur le rio Baker et des lignes hautes tension qui fleuriraient dans toute la Patagonie).

Il y a les chilien-ne-s, bien sûr, mais pas que… les touristes et voyageurs-euses sont, pour nous, une part entière de la Patagonie : des cyclistes, des trekkers-euses, des auto stoppeurs-euses qui se croisent et se recroisent sans cesse toute au long de la carretera. On mentionnera notamment Simon et Natxo, les basques espagnols qui pédalent d'Ushuaia à l’Alaska, et nous ont appris à faire du pain, du biscocho, des biscuits à l’avoine dans une ville de bout du monde où les aliments sont une denrée rare et chère, et avec qui l’on a fêté les 28 ans de Bana. Ou encore ce couple d’uruguayens rencontrés à plusieurs reprises en faisant du stop tellement souriants et sympas qu’on est en presque venu à troquer la Bolivie contre l’Uruguay.

Les endroits cités plus haut nous offraient un bout de terre pour amarrer notre tente, une pièce commune pour se réchauffer, cuisiner et échanger avec la communauté, ainsi qu’un spectacle vivant aux alentours (paysages somptueux, chants des oiseaux, randonnées, chiens et chats à câliner…). Il y avait des prairies, des glaciers, des fjords, des volcans (dont le volcan Chaiten encore fumant!), des cascades et des piscines naturelles, des lacs aux eaux turquoises, des lagunes, des rivières, des forêts de différents types, voire même le combo glacier-cascade-lagune (rien que ça!) ou un parc aux paysages quasi-arides. Parfois aussi, on pouvait récolter les fruits de la nature : champignons, mûres sauvages, framboises, pommes. Il y avait des oiseaux (carpintero, chucao, carancho, colibri, cometocino patagonico, hued hued del sur, pour ne citer que nos préférés), des dauphins, des huemules (on a eu la chance d’en voir deux! il n’en reste que 1500 dans le monde), des guanacos.

Nous tâcherons de ne jamais oublier le bonheur procuré par cette vie simple, à dormir en tente, à cuisiner avec les moyens du bord, à faire des gâteaux et du pain dans les fours à bois patagons, à nous satisfaire du spectacle offert par la nature et à vivre pleinement chaque instant. Cœur, cœur, méga love - c'est niais mais c'est vrai !

Petit aparté : en guise de cadeaux de noël et d'anniversaire, on vous invite à voter pour la "France insoumise" dans une semaine, pour nous garantir un retour joyeux et optimiste au mois de juillet ;)